Après 2 ans de silence sur mon blog, au cours d’une période très particulière déclenchée par une pandémie mondiale, j’ai décidé de reprendre enfin la plume, pour partager mes pensées et constats, en plein milieu d’un entre deux tours où les émotions les plus marquées vont bon train.
Pourquoi un tel silence alors que l’actualité ne manquait pas de matière, dans une période tumultueuse de vagues successives de pandémie, où certaines et certains ont donné libre cours aux théories les plus farfelues avec un succès surprenant ? Pourquoi encore ne pas avoir réagi immédiatement par au moins un billet à la récente guerre qui touche désormais notre continent ?
La raison en est toute simple et toute personnelle : la période de pandémie ne s’est pas avérée de tout repos pour un dirigeant d’une PME de services exposée de manière assez directe au contexte économique bouleversé du jour au lendemain par la crise sanitaire. Je remarque d’ailleurs avec amusement que mon dernier billet était publié très exactement la veille de l’annonce du premier confinement.
De fait, mon temps libre a tout d’abord quasiment disparu pendant au moins une bonne année, et même si j’ai pu m’accorder quelques vacances et loisirs sur les derniers mois, ma priorité personnelle était clairement de me ressourcer pour tenir bon. Il sera bien temps de se remettre à écrire une fois la sérénité retrouvée.
Revenons donc quelques instants sur la vie de dirigeant de PME confronté à la transformation ultra-brutale de l’activité, même si une partie a pu être adaptée et maintenue grâce au télétravail. Les clients ont fait preuve de réactions très contrastées. Certains ont mis fin de manière unilatérale à des contrats, tous ont retardé ou annulé leurs nouveaux projets et certains en ont profité pour renégocier les prix à la baisse en profitant de la pression économique. D’autres se sont eux-mêmes retrouvé en grandes difficultés au cours de la période, quand ce n’est pas en liquidation judiciaire. Passons sur les scélérats qui en ont profité pour ne pas honorer leurs créances dans l’intervalle, en espérant qu’ils pourraient laisser quelques ardoises au passage. Ces situations ont été rares mais certains grands groupes l’ont sérieusement envisagé, voire appliqué un temps. Soulignons tout de même que certaines entreprises ont sincèrement cherché à préserver leur écosystème de partenaires en gérant la situation de manière collaborative. Les crises sont révélatrices des comportements et présentent au moins cet intérêt de mieux connaitre vos clients, pour le meilleur comme pour le pire. Merci aux entreprises qui s’évertuent encore à préserver quelques valeurs autres que financières.
Imaginez également la complexité des procédures à suivre pour les collaborateurs, avec des changements de politique sanitaire fréquents et une très faible visibilité au début de la pandémie sur les risques réels, vous obligeant en tant que chef d’entreprise à prendre la position d’une sécurité maximale. Au cours du premier confinement, pour maintenir le lien avec mes salariés et garder une note d’espoir, j’ai aussi pris le soin d’envoyer un message tous les jours, en variant les sujets et les tons, afin de traverser cette période de crise assez unique. Je garde la collection de messages précieusement, car je serai curieux de relire cela dans quelques années, cela devrait paraitre quelque peu irréel.
Enfin, il est très clair vu de ma fenêtre que le gouvernement a tout de même pris des mesures exceptionnelles très impressionnantes, le recours au travail partiel, les décalages de charges et l’intelligente approche des Prêts Garantis par l’Etat. Ces derniers ont permis de donner le temps aux entreprises saines de rebondir et de trouver des solutions, même si cela se solde en fin de compte par des pertes ou des manques à gagner très importants dans la période et induisent des efforts sur le futur.
Sur le « manque à gagner », je me dois de préciser que, si cela peut sembler un relatif moindre mal, et cela l’est vis-à-vis de pertes, cela n’en reste potentiellement pas moins un énorme souci si vous avez des emprunts ou charges à honorer. Imaginez que l’on vous supprime votre salaire pendant trois mois mais que l’on vous nourrisse à la place, ce qui n’est déjà pas si mal, il est possible que cela vous mette tout de même en difficulté si vous aviez le financement de votre résidence principale ou d’autres engagements à assurer.
Bref, quand on fait les comptes, cela s’avère loin d’être neutre pour les dirigeants de PME, et d’ailleurs, la plupart de mes concurrents ont choisi de vendre leur entreprise dans la période, ce qui permet de se mettre au chaud au sein de groupes plus gros et plus solides et de se préserver personnellement.
De mon côté, ayant déjà traversé la crise de 2008, j’ai cherché plutôt à me renforcer financièrement sans vendre pour autant, sachant que nous ressortirions plus forts, et mes efforts n’ont pas été vains ! J’annoncerai courant mai deux opérations stratégiques majeures et quasi concomitantes, qui donnent à mon groupe la capacité à poursuivre son modèle innovant et humain, tout en ayant aussi les moyens de s’engager dans le développement durable. Il me semble qu’il est plus que temps que tout le monde s’y mette alors je veux au moins faire ma part à mon niveau, je dois cela à mes enfants.
Par conséquent, j’ai retrouvé la sérénité et l’envie d’écrire aujourd’hui d’autant que, si j’ai retenu ma plume pendant cette période, cela ne m’a pas empêché de réfléchir et d’accumuler un certain nombre d’idées, que j’exprimerai dans de prochains billets au fil de mon inspiration. Je rappelle que je me suis donné comme règle de n’écrire que des billets argumentés, avec un minimum de réflexion et de structure, quand j’estime que j’ai suffisamment à dire. Je ne me mets donc pas de contraintes, si ce n’est celle de l’exigence de qualité envers moi-même et mes lecteurs.
Alors pourquoi écrire lors de cet entre deux tours qui semble déchirer une bonne partie des Français ? J’évoquais il y a 3 ans la disparition des « gauche » et « droite » au profit d’un nouveau clivage opposant le centre et les extrêmes. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat chiffré va au-delà de ce que j’imaginais, en tout cas en termes de disparition des partis traditionnels !
Notons néanmoins que le vote qui se cache derrière les candidats populistes revêt parfois des significations ou des aspirations bien différentes, tant les leaders d’opposition se sont évertués – avec un certain succès il faut le dire – à diaboliser le président en place. Les votes « rejet » qui se cachent derrière le soutien à ces candidats prennent souvent la forme d’un angle simplificateur qui les a particulièrement accrochés.
Il n’est pas difficile de reconnaitre l’angle du bouc émissaire que sont les « étrangers » pour l’extrême-droite, recette bien connue de longue date, mais celui du bouc émissaire « élites-riches-médias » savamment dosé par le brillant tribun Mélenchon fonctionne aussi très bien, tout en paraissant plus louable. Il récupère ainsi des voix de gens à qui on a martelé la théorie du « président des riches », ce qui me semble pour le moins décalé du constat de terrain, alors qu’on a tout de même le président du « quoiqu’il en coûte ». Nous sommes tout de même très loin d’avoir un néolibéral comme certains aiment à le faire croire !
J’appelle donc particulièrement mes lecteurs et mes amis, notamment celles et ceux qui sont très sensibles aux idées sociales et réceptifs à ce raccourci qu’on leur sert, à prendre un minimum de recul en en revenant aux faits. Je suis un fervent partisan de la nuance, je crois même que je vais désormais revendiquer un statut d’extrémiste dans la nuance, comme le titre ce billet en forme d’oxymoron.
Alors, même si je déteste cette simplification gauche-droite que j’ai déjà dénoncée précédemment, il est amusant de constater que mes amis se réclamant de gauche trouvent Macron à droite alors que mes amis se réclamant de droite trouvent Macron à gauche. C’est la preuve géométrique et irréfutable qu’il est plutôt au centre dans ce jeu unidimensionnel ! 😊
Une fois ceci posé, et parce qu’il y a tout de même un tour d’élection important à venir dimanche prochain, n’oublions pas de mettre en perspective les priorités, entre un président sans doute perfectible et une candidate dont l’incompétence et le danger qu’elle représente ne font aucun doute.
J’ai beaucoup aimé cette formule qui traduit une réalité concrète :

C’est assez simple, basique. Mais c’est ce qu’il nous faut cette semaine.
Il sera temps d’amener plus de nuances dans les mois et scrutins à venir, pour que chacun exprime ses sensibilités et s’assure de faire entendre ses idées, mais seulement si on a évité le piège de l’extrême-droite.
Alors, à celle et ceux qui sont tentés de ne pas aller voter, réfléchissez-bien au vrai combat que vous voulez mener. Le 25 avril, il sera trop tard.
Daniel